La mise au tombeau de Raphaël, appelée aussi Déposition ou encore Retable de Baglioni a été achevé en 1507.
C’est une huile sur bois d’un format de 186 x 176 cm. Ce retable est exposé aujourd’hui dans la galerie Borghèse à Rome.
Raffaello Sanzio est né en 1483 à Urbino et mort en 1530 à Rome. Fils du peintre de la cour de Montefeltro, un duc d’Urbino, il se forme dans l’atelier du Pérugin à Pérouse.
Après ses premiers succès au début du XVI° à Pérouse,il quitte la ville pour Florence où il subit l’influence de Léonard de Vinci et de Michel-Ange alors présents et s’intègre dans le milieu artistique actif.
C’est dans cette période qu’une famille noble de Pérouse, les Baglioni, font appel à lui pour exécuter le retable de l’autel de leur chapelle dans l’église de San Francesco al Prato.
Ce tableau va le faire connaître et lancer sa carrière de peintre ; il est appelé à Rome en 1508 pour décorer les salles du palais du pape Jules II. Il restera à Rome jusqu’à sa mort.
Cette oeuvre est donc située au début de sa carrière de peintre indépendant.
Vasari : « qui considère le soin, l’amour, l’art et la grâce de cette œuvre, s’en émerveille avec raison : elle est extraordinaire pour l’expression des figures, la beauté des drapées et la perfection du moindre détail. »
En mettant en scène cet épisode biblique, il allie au dynamisme qui s’en dégage une réponse convaincante aux souhaits du commanditaire.
La composition du retable :
Ce retable était composé à l’origine de quatre parties aujourd’hui dispersées. Le tableau lui-même était surmonté d’une frise représentant sur fond bleu des putti et des griffons. Cette frise était elle-même dominée par un tableau de format presque carré représentant Dieu le Père bénissant et entouré de ses anges. Son regard est posé sur son Fils mort et fait office de la présence toute divine non présente dans le tableau lui-même. En dessous du panneau central, la prédelle imitant la grisaille représente une allégorie de chaque vertu théologale à savoir la Foi, l’Espérance et la Charité.
Toute impression de dissonance disparaît si l’on restitue au retable sa structure originale complète, avec la cimaise représentant L’Eternel bénissant et la prédelle portant trois allégories des Vertus théologales, modelées en médaillons monochromes, affichant une évidente recherche d’effets plastiques, et flanqués de putti angéliques, eux-mêmes insérés dans des niches minuscules. La figure de l’Eternel semble se pencher pour bénir d’en haut le corps inanimé de son Fils, tandis que dans la prédelle, à laquelle est dévolu le message symbolique, renforce les valeurs de la « symétrie » qui devaient être transmises d’abord par l’encadrement architectural du retable, ses membrures et sa décoration (De Vecchi)
La Bible :
On peut situer la scène présente entre la descente de la croix et la déposition du corps de Jésus-Christ au tombeau : dans les évangiles, ce passage est cité dans la partie de l’ensevelissement
Saint Matthieu : XXVII ; 57-61
Saint Luc : XXIII ; 50-56 : et voici un homme nommé Joseph (…) il était d’Arimathie, (…) il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Il descendit, le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc. Cependant les femmes qui étaient venues avec lui de Galilée avaient suivi Joseph ; elles regardèrent le tombeau et comment son corps avait été mis.
Saint Marc : XV ; 42-47 : informé par le centurion, Pilate octroya le corps à Joseph. Celui-ci, ayant acheté un linceul, descendit Jésus, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans une tombe qui avait été taillée dans le roc (…) Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaient où on l’avait mis
Saint Jean : XIX ; 38-42 : Nicodème – celui qui était venu, de nuit, trouver Jésus- vint aussi (…) ils prirent le corps de Jésus et le lièrent de linge.
On peut donc voir que Raphaël a plus ou moins repris des éléments de chaque évangéliste pour faire une scène respectueuse de la tradition chrétienne.