La Vierge Marie est ici le centre de la composition. Elle occupe preque tout l'espace pictural, écrasant de sa présence les anges qui tentent de faire, sans grand succès, leur place sur le côté. Vêtue d'un manteau bleu qui est sa couleur traditionnelle, elle porte aussi une robe à l'antique aux reflets moirés qui lui moule sensuellement le corps, laissant deviner les formes parfaites de sa silhouette. Le Parmesan l'érige vraiment comme la femme idéale et parfaite, et pour cela, elle doit répondre à des critères précis: un visage aux lignes pures, ovale, les yeux en amandes et des sourcils fins, les cheveux frisés, longs et blonds, un front large, une petite bouche, la peau pâle; mais aussi un corps qui répond à l'esthétique maniériste, à savoir des membres allongés, les doigts très effilés et une silhouette en forme d'amphore. La forme d'amphore vient de la comparaison du Cantique des Cantiques dans lequel la Bien-Aimée est comparée à un vase de baume qui est le récipient de la Grâce. Le vase était depuis les Classiques une forme parmi les plus parfaites selon le principe de l'eurythmie que Parmesan reprend pour la Vierge. C'est aussi le motif iconographique le plus récurrent qui accompagne la Vierge (surtout dans les Annonciations) pour mettre en avant sa virginité intacte. La silhouette de la Madone est renforcée dans sa forme par la présence de l'amphore que tient l'ange sur sa droite. On remarquera que le vase est gravé d'une croix: la Vierge est réceptacle immaculé du Christ Sauveur mais aussi de la Grâce divine qui se répand sur tous les hommes.
On notera son sourire modeste et timide, à l'image de son humilité et de sa profonde méditation du mystère de l'Incarnation et de la Rédemption.Il y a en effet une allusion à la Rédemption, qui s'opère par la mort du Fils de Dieu, dans l'attitude de l'Enfant Jésus sur ses genoux. Il est démesurément allongé, trop grand pour ses formes pouponnes, mais surtout il est blanc comme un mort. Ses yeux sont fermés, il semble inerte. C'est une représentation prémonitoire de la Pietà, lorsque Marie recueille son fils crucifié dans ses bras.
Ajouter un commentaire